Bonjour à tous !
Petite présentation rapide.
Je m'appelle Elisabeth, j'ai 18 ans, originaire de Lorraine, habitant actuellement en Alsace et déménageant sur Nancy dans cinq semaines (vous me suivez toujours ?).
J'ai commencé l'équitation comme beaucoup d'entre nous, dans un poney club, à cinq ans. J'ai passé là bas mes trois premiers galops. Suite à un déménagement, j'ai changé de centre. J'y ai découvert l'équitation western. Là bas, j'ai découvert également le travail au sol. Le propriétaire et moniteur de ce centre m'a un peu prise sous son aile, et malgré tous les défauts qu'il pouvait avoir, il m'a énormément apprit. En début d'année 2oo8, il me confie un jeune étalon en demi pension. Nous devions l'acheter plus tard, mais pour ma plus grande souffrance, Doc fut vendu après deux mois de "vie commune". Depuis, son absence est une plaie béante mais je le sais heureux et soigné...
J'arrête de monter pendant deux mois, une distance énorme sachant que je montais jusque là minimum toutes les semaines depuis mes cinq ans, plus souvent tous les deux jours.
Ma peine se soigne et je remonte quand même. Pour ma première leçon, mon moniteur me confie son propre cheval, Kenny... J'en parlerais plus bas.
Au bout d'un mois, il me repropose, avec ma maman qui monte avec moi depuis deux ans, un autre cheval en demi, un demi-sang arabe gris, belliqueux, partisan du tourné de fesses comme accueil à l'entrée dans le box, éteint, sans vie... Ma maman accepte, mais moi, la première fois que j'entre dans son box, je le regarde droit dans les yeux et lui dit "Toi, de toute façon, jamais je t'aimerais !".
Au final, Océan m'apprivoise autant que moi je l'apprivoise et nous apprenons chacun à faire confiance. En effet, si lui semble déçu de l'humain, je le suis également, ma vie personnelle tournant à la catastrophe. En Août, nous achetons Océan Indien de son vrai nom, six ans.
Commence alors avec lui une aventure extraordinaire. J'ai treize ans, terriblement blessé par les adultes et une vie que je ne comprends pas, et mon cheval gris me permet de croire à nouveau en quelque chose. Il m'apporte stabilité et calme, et est d'un grand réconfort dans cette période difficile.
Nous faisons notre chemin petit à petit.
Kenny, quant à lui, est vendu à une jeune Strasbourgeoise. Celle ci vient le voir toutes les deux semaines. Ne pouvant me résigner à le voir enfermé le reste du temps je propose à cette dame de sortir le bougre.
Outch, que c'est difficile... En effet, Kenny, élevé au biberon, orphelin à quatre mois, âgé alors de onze ans, avait développé un caractère ultra agressif et dangereux. Il chargeait, mordait, tapait, coinçait contre les murs, a plusieurs fois pointé droit devant moi en essayant de me taper au visage... Ma mère pleurait d'angoisse quand elle me voyait le sortir dans le manège. Pourtant, "quelque chose" se passe entre lui et moi. Une évidence, un coup de coeur. Ecorché vif comme moi, incompris et rebelle, comme moi, je tombe amoureuse de ce grand bai un peu sauvage. En Mars 2oo9, quand la proprio le vends, c'est pour moi une évidence ; J'achète Kenny, à quatorze ans.
Je commence alors des programmes de musculation et de rééducation. C'est dur, compliqué, mais ce qui me fait tenir, c'est les moments où je tombe d'épuisement à terre, en larmes, et qu'il vient souffler sur mes joues, comme pour s'excuser...
Bref, depuis, il se passe beaucoup de choses pour nous. Changement de pension plusieurs fois, début puis abandon de la compétition, nous cherchons notre voie. Interessée depuis petite par l'éthologie, par les "chuchoteurs" et le spectacle, je traficotais un peu à pied... A force de tentatives, Océan est bientot a la révérence, au couché, au cabré. En 2o1o, nous présentons notre toute première démonstration de travail au sol et de cirque, j'ai quinze ans.
Cette rencontre avec le public est une révélation. En été 2o11, je ramène mes chevaux chez moi et continue le dressage de spectacles. Le travail paie, Kenny, si impétueux, accepte même, en octobre 2o11 de se coucher sur demande, un moment empli de larmes de joies et d'émotions. Il abandonne en même temps toutes resistances.
2o12, nous débutons sous le nom de "So-Na-Kih Spectacle Equestre", nos premières grandes démonstrations. Avec dix dates en trois mois, c'est un succés. Mes chevaux sont applaudis, félicités, admirés. Eux à qui on lançait des pierres font désormais leur petite révolution dans le coin.
2o13, nous entamons notre seconde saison "sérieuse". J'ai du mal à y croire, mais ça marche... Les gens font appel à moi, nous applaudissent, nous sommes engagés pour des spectacles immenses... Un rêve qui se réalise.
Il y a quelques jours, c'est Iwane, berger australien rouge merle, qui nous rejoint. Elle est prévue l'an prochain pour ses premiers spectacles en duos avec mes chevaux si tout se passe bien.
Voilà donc le résumé de mon histoire avec mes deux chevaux. Un rêve qui devient réalité, je n'y crois toujours pas vraiment d'ailleurs.
Ma vie personnelle est certe plus que compliqué, je suis une jeune fille pétrie de regrets, de blessures et d'incompréhensions, mais avec mes deux poneys d'amours, je revis, je trouve un sens et un équilibre. Je leur dois tout, sans eux, je le dis sans abus, j'aurais sûrement déjà commis l'irréparable.
Mes chevaux font de moi celle que je suis, sans eux, je n'aurais aucune raison de me lever le matin. Ma vie tourne autour d'eux, n'en déplaise à ceux qui ne comprennent pas...